Nº 17 bis 29 Octobre 1947.La VOIX du PÈRE Bulletin des C. R. I. C.
LA NATURE DE L’INSTITUT CANONIQUE DANS SES POINTS ESSENTIELS TEL QUE LE VOU-LAIT D. GRÉA
Note. – Ce sont des extraits des conférences et des lettres de D. Gréa. Nous publions ces documents pour mon-trer: 1º) comment la pensée du Fondateur n’a jamais varié depuis 1865, jusqu’en 1914. – 2º) comment il a tiré, quant à la substance, ses Constitutions, de quelque vieille Congrégation de Chanoines Régu-liers. (St Victor) selon la recommandation de Pie IX et n’a rien inventé. – 3º ) dans quel esprit nous devons interpréter les Constitutions actuelles de Pie X, les com-pléter dans le sens hiérarchique et diocé-sain et pratiquer les adoucissements dès observances, et enfin, 4º) combien nous paraissent justes les appréciations et cor-rections du dernier fascicule: pour assu-rer l’unité et la continuité d’une si belle oeuvre. – 5º) ajouter les documents du nº 17.EXTRAITS DE SES CONFÉ-RENCES ET LETTRES18 juil. 1888.
Extrait d’une Confé-rence de Dom Gréa.Dès 1865, l’ensemble des observan-ces était fixé dans mon, esprit et dans la pratique, telles que nous les avons eues constamment depuis: les abstinences, les jeûnes, les observances chorales. Restau-rant la vie Canonique, je n’ai eu qu’à re-tourner aux antiques observances de cet Ordre… Il y a toujours eu une grande va-riété d’observances dans l’ordre canoni-que. Nous avons dû aller chercher nos observances dans les Congr. les plus flo-rissantes, les plus pleines de l’esprit ecclé-siastique, dans la Congrég. de St-Victor spécialement; nous les avons cherchées aussi dans la Bulle de Benoît XII, toute pleine de l’esprit antique. Voilà les véné-rables sources des observances que nous gardons. Je me suis aperçu de bonne heure que les Congr. can. ferventes se rencontraient dans les observances c gé-nérales de la Règle de Saint Benoît, car cette Règle renferme le dépôt de la tradi-tion religieuse commune aux moines et aux clercs et qui est même arrivée aux moines par les clercs.27 janv. 1890. Confér.
de Dom Gréa – Nous ne sommes pas une Société de prêtres mais un Ordre de clercs; nous voulons restaurer la vie canonique sous sa forme antique. C’est pourquoi nous entendons ren-dre parmi nous aux Ordres hiérarchiques leur importance des premiers siècles, toute l’importance que leur attribue le Concile de Trente et qu’il désire voir re-vivre.C’est pour cette raison aussi que nous reprenons les observances monasti-ques; car autrefois les moines et les clercs ne différaient point entre eux par les ob-servances mais par la cléricature. C’est encore pour le même motif que nous voulons dans notre Congrégation des maisons principales et des prieurés et non l’organisation par provinces des Or-dres plus récents…. Dieu ne nous a pas appelés à co-pier les institutions modernes, quelques bonnes qu’elles puissent être, mais à faire revivre l’ancienne a Institution canonique dans sa perfection primitive telle qu’elle a été pratiquée clans les Congrég. et les Communautés ferventes, spécialement dans celle de St-Victor. Voilà notre fin; n’en poursuivons pas d’autres, tendons-y invariablement.
Notre Ordre est un ordre antique; notre but, de ressusciter l’antique hiérarchie de l’Eglise, et par là de renou-veler les mœurs anciennes parmi les fidè-les.C’est là la vocation que Dieu m’a donnée en m’appelant à restaurer les Cha-noines Réguliers…Sans cet esprit et ce but particulier, notre Congrégation n’a pas saJ’entends bien l’objection que l’on me fait. Les jeûnes, l’office, cette vie an-tique n’est plus en harmonie avec les né-cessités de notre temps… Notre œuvre est de restaurer cette prétendue vie impossi-ble et de montrer qu’elle est possible de nos jours comme elle le fût autrefois, qu’elle est un remède aux maux dont meurent nos sociétés modernes, comme elle le fut de ceux qui dévoraient la socié-té antique. Soyons fidèles à notre voca-tion, ne trahissons pas notre mission, au-trement Dieu nous rejetterait. Si nous n’avons pas cet esprit nous ne sommes pas dans notre vocation.26 déc. 1890, voir circulaire publiée dans Nº 3 – Juillet 1947.15 mai 1892 (à D. Benoît). – Rele-vez, mes chers fils, vous me fils que Dieu m’a donnés, la lumière de la prière litur-gique et de la pénitence ecclésiastique pratiquée par les clercs et proposée aux fidèles en union à la vie liturgique par les Carêmes, Vigiles, temps de jeunes régu-liers, etc.18 sept. 1892. Nos jeûnes et nos abstinences sont un ministère public comme nos offices liturgiques.
Nous prions au nom de l’Eglise, nous jeûnons au nom de l’Église; nos jeûnes sont aux mortifications privées ce que la prière liturgique est à la prière privée. Voilà pourquoi nous suivons en cela une for-mule traditionnelle par le jeûne du mer-credi et du vendredi en été, et le jeûne du 14 septembre dans lequel se trouvent ras-semblés les carêmes de St-Michel, de St Martin et de l’Avent. Les peuples ne sont sauvés que par la vue du Serpent d’airain, Jésus crucifié, et il faut que cette vue leur soit donnée dans leurs prêtres…Aussi, nous devons nous attacher à nos observances comme nous le faisons à l’office liturgique: l’une et l’autre compo-sent l’unique trésor apostolique dont nous devons être les dépositaires, l’unique fonction publique que nous remplissons au nom de l’Église.15 déc. 1892. – Par amour pour Jé-sus, portez partout l’étendard de la prière, de la prière de l’Eglise et de la pénitence, de la pénitence de l’Eglise qui est le jeûne aux temps marqués par la tradition comme la prière liturgique a ses temps et ses phases traditionnelles.22 déc. 1893. Lettres à Dom Be-noît.
– Nous sommes clercs per essen-tiam: or la cléricature exige le dégage-ment des choses du monde: Dominus pars hereditatis meae.20 nov. 1895. – Des Chan. Rég. sor-tirent quelques branches qui ne furent plus seulement des Congrégations ou Confédérations, mais des Ordres reli-gieux proprement dits, à l’instar des Do-minicains qui sont le plus considérable. Le passage d’état de Congrégation à celui-ci est parfois difficile à déterminer. Il eut lieu pour plusieurs Ordres de Chan. Rég. hospitaliers: 1º) les religieux de la Merci et les Trinitaires, 2º) même l’Ordre du St-Esprit ; l’Ordre des Antonins lui-même avec son abbé unique et ses commande-ries ne s’en est-il pas rapproché ?6 nov. 1896. – Jusqu’ici nous, clercs hiérarchiques par essence, nous n’avions encore aucun lien hiérarchique qui nous fit titulaires et collège hiérarchique d’une église. Dieu le permettait ainsi au commencement, afin que nous fussions capables de translation: nous avons quitté St Claude parce que nous n’étions pas ti-tulaires, clercs hiérarchiques, chanoines de cette église, mais simplement commis-sionnés comme chapelains et comme le sont les vicaires des paroisses.
Cet état en se prolongeant surtout après ma mort, pouvait nous assimiler aux Congrégations extrahiérarchiques (ainsi qu’il est arrivé aux Théatins qui nés de la pensée de la réforme du clergé ont été jetés en dehors du Clergé hiérarchique). C’était là ce que Dieu ne voulait pas permettre. Le S. Siège fait un abbé et une abbaye: du même coup, le Collège hiérarchique est constitué; avec le temps les prieurés éloi-gnés, qui provisoirement a appartiennent à ce Collège, deviendront eux-mêmes ab-bayes et a collèges; et telle doit être la Constitution définitive et essentielle de l’Ordre: Confédération de Collèges hié-rarchiques ayant chacun leurs maisons obédientielles, et réunis par le lien du Président général et du Chapître général.19 avril 1907. Je crois que la divine Providence en cela indique que le mo-ment est venu de bien établir l’autonomie des Maisons Majeures. Avec l’autonomie des Maisons majeures, il faut désigner et incardiner définitivement les Religieux qui en forment le Collège.11 juin 1907. Avec le Cardinal Pro-tecteur, et appeler son attention sur les points essentiels de l’Institut:
1º) localisa-tion des maisons majeures confédérées, et non fondues sous un seul gouvernement, conservées dans l’unité de la confédéra-tion par l’autorité centrale, Chapitre et Président général.
2º) esprit de prière et de pénitence: prière liturgique, pénitence ecclésiastique des abstinences et jeûnes, assouplies aux nécessités des situations, extraordinaires que nous traversons dans la dispersion, la persécution, les fonda-tions, mais facilement gardée dans les Communautés régulières.12 juin 1907 (du P. Athanase De-srosiers, après une entrevue avec D. Delaroche et une lettre de Dom Gréa).
– Notre Rme Père me a dit que notre Insti-tut est sans raisons d’être autres que
1º) la localisation des maisons confédérées, mais non confondues en un seul et unique gouvernement central.
2º) la résurrection de la prière liturgique et de la pénitence vraiment ecclésiastique des abstinences et jeûnes.
Ce qui n’exclut nullement tous les adoucissements exigés par les besoins. Or je crois que ces deux choses sont préci-sément méconnues par le V. G. La prière liturgique dans les prieurés sera a réduite à la récitation du bréviaire en commun, et les abstinences et les jeûnes disparaîtront, je crois.13 juin. 1907 -voir- fasc. 17.9 juil. 1907. D. Gréa à D. Benoît. Nous avons à établir en doctrine que l’Ordre canonique doit être local, n’étant que la vie et a la profession religieuse du Clergé: clergé adscriptus à ses églises propres et titulaire de ces églises; collé-giales régulières placées au point de vue hiérarchique, dans la même situation que les collégiales séculières, celles-ci jouis-sant de prébendes dans la vie privée de leurs membres, celles-là imposant à leurs membres la profession Religieuse et la vie commune que cette Profession garan-tit. Au point de vue historique, montrer cette vie répandue avec profusion dans toute la chrétienté, jusqu’au régime des bénéfices, qui appela pour la conserver l’association fédérale en même temps que naissaient en dehors de la hiérarchie af-faiblie, les Ordres Religieux destinés à soutenir et à suppléer son activité dimi-nuée.
Les Confédérations canoniques n’en-lèvent pas aux Collèges particuliers leur autonomie locale et ne sauraient les assi-miler aux a Congrégations modernes. La Bulle de Benoît XII est, à ce point a de vue, très importante. Elle va jusqu’à lais-ser une certaine latitude d’observances entre un minimum et les aspirations plus austères. En fait les chapitres, ordonnés par la Bulle… se sont tenus à Arrouaise, diocèse d’Arras, entre cette abbaye si aus-tère et les autres de la région qui avaient une discipline différente.28 juil. 1907, voir fasc. 17.31 oct. 1907 à D. Benoît. J’aurai donc à soutenir
1º) l’organisation locale et fédérative,
2º) la vie de liturgie et de péni-tence.21 janv. 1908. – Je pense vous avoir adressé la Notice sur l’Institut Canon. im-primée à Arras.
Les deux points essentiels sont:
1º) l’existence locale et confédérée des maisons majeures;
2º) l’ensemble des saintes observances, prière et pénitence, prière liturgique, pénitence officielle au nom de la Ste Eglise, par les jeûnes et les abstinences.22 fév. 1908, à Dom Raux.
– Les deux points essentiels sont
1º) l’institution locale et hiérarchique des maisons ma-jeures (abbayes ou prévôtés);
2º) l’obser-vance chorale et pénitentielle.Que l’Institut soit local d’abord., et fédératif ensuite pour le maintien de sa vie.L’uniformité d’observances n’est point de l’essence de l’ordre canonique.
Quant aux jeûnes et abstinences, Benoît XII y laisse la variété, en maintenant et protégeant les plus austères.Mais le régime centralisé lui est ab-solument contraire. C’est le régime des Ordres et Instituts de missions qui exis-tent déjà et se suffisent.15 juil. 1908. Lettre à D. Benoît. – Notre vocation de Chan. Rég. repose sur les 3 Bases de l’organisation locale, de l’office complet du jour et de la nuit, des jeûnes et abstinences traditionnelles.
22 août 1908. – Tenons à nos trois fondements: institution locale et hiérar-chique: office liturgique dans son intégri-té du jour et de nuit; jeûnes et abstinences traditionnels.Et puis, pour la formation des clercs religieux, 3 choses: vie intérieure monas-tique, instruction classique et théologi-que, exercice successif des Ordres infé-rieurs.15 sept. 1908 (à Dom Raux). L’Or-dre, canonique se confond avec la Consti-tution même de l’Église et des églises. Si l’on ne peut encore comprendre explici-tement l’incardination du Chan. Rég. dans son ordination même dont elle est le fruit, laissons pratiquement arriver au même résultat implicitement. La formule des voeux des Prémontrés les attachant à leur église, me parait bien désirable pour nous.
30 sept.1908. Lettre à Dom Benoît. – Quant à nos observances tirées de l’anti-quité discrète entre toutes de la Règle de St Benoît, elles prouvent recevoir dans la pratique de sages tempéraments…Après tout, pourquoi condamner nos observances toutes conformes à la Règle de St Benoît? N’est-il pas permis aujour-d’hui, comme autrefois, aux Chan. Rég. d’y prendre leurs observances que la Rè-gle de St Augustin ne précise pas?27 oct. 1908, à Mgr Langevin. – Voilà que tout à coup et alors que j’avais lieu de croire avoir été entendu et devoir l’être encore, nous arrive comme un coup subit, la nouvelle Constitution qui abolit notre œuvre dans ses points essentiels, qui sont,
1º) l’organisation des maisons majeures et leur situation de collégiales cléricales placées dans la hiérarchie dio-césaine, et reliées entre elles par une Il simple et sainte fédération;
2º) la célébra-tion de la sainte liturgie dans son intégrité et ses saintes veilles de la nuit;
3º) la pra-tique de la pénitence traditionnelle des jeûnes et abstinences, formulée dans la vie cénobitique de l’Ordre canonique. Tout cela contredit le passé de quarante-trois années d’encouragements reçus du St Siège et de l’Episcopat, et les directions formelles que la S. Congrég. nous avait données dès l’origine: Constitutiones concinnentur quoad substantiam, desu-mendol ab aliquo veteri Can. Reg. Congregatione.Pâques 1909, à Dom Benoît.
– Que Marie Immaculée nous voyant dans ce combat, soit Elle-même notre défense contre nous-mêmes contra hostes tuos! Qu’Elle sauve et rende, au grand jour de la résurrection, l’œuvre de la Vie canoni-que: locale, hiérarchique et confédérée: vie de la Ste liturgie; vie de la pénitence à 1’état d’institution ecclésiastique, absti-nences et jeûnes !En P. S. – J’avais toujours regardé N.D. de L., comme Maison Majeure; aus-si, sauf mes conseils, je vous ai toujours laissé disposer de votre personnel. Les Nouvelles Constit. passent sous silence les maisons maj. ou collégiales de Chan. Rég. et par suite le caractère fédératif de l’Institut. Dieu aura la décision suprême, et ce sera un jour sans doute pour l’épis-copat11 mai 1909, à Mgr Lobbedey, Év. d’Arras. – Parmi les points essentiels que la Nouvelle Constitution atteint et abolit, le principal est la nature de l’Institut ca-nonique, c’est-à-dire son caractère local, hiérarchique et diocésain, ouvrant au Clergé des Eglises la vie Religieuse et donnant à ceux que Dieu n’appellerait pas à l’embrasser, des exemples et des encou-ragements.
Notre Congrégation ne doit point, à cet égard, être assimilée aux Ins-tituts missionnaires, avec lesquels elle ferait double emploi. Et son gouverne-ment local n’admet, pour le maintien des observances, que la Fédération des ab-bayes ou Collèges Canoniaux réguliers, sous un Président et des Chapîtres Géné-raux.28 juil. 1909, à Dom Benoît. – L’Institut canonique, dont les Evêques ont été les abbés et que le régime bénéfi-ciaire, en sécularisant ceux-ci, a provi-dentiellement sauvé par les Confédéra-tions, doit rendre au clergé hiérarchique, en lui laissant ce caractère, la profession des conseils évangéliques.Il ne s’agit point ici de créer une Congrégation nouvelle sur le type des sociétés religieuses modernes et extrahié-rarchiques, mais a de reprendre l’héritage de l’ancien Institut Canonique et ses tradi-tions. C’est là, ce que le S. Siège a loué en nous approuvant et que dès le commen-cement, Pie IX a béni et encouragé, ce que nous avons compris et embrassé.21-4 fév. 1910. – Je vais travailler à un court mémoire sur, l’histoire de notre fondation, sa nature, le succès que Dieu lui donnait, l’union qui régnait entre nous.
Il faudra agir dans le sens d’une sépara-tion, d’autant plus normal que l’Institut des Chari. Rég. ne comporte pas essen-tiellement la centralisation, mais la confé-dération qui peut être plus ou moins ser-rées entre les abbayes, selon leurs aspira-tion…4 juil. 1910, à Mgr d’Arras. – Dieu nous a montré dans l’Institut a canonique l’héritage de nos Pères:
1º) Organisation locale par l’incar-dination au Collège, à la Collégiale (et par là au diocèse qui est l’ensemble des titres d’Eglise).L’idéal me disait Dom Lolli, c’est que les Evêques soient les abbés des Chan. Rég. . . Les Evêques étant in statu perfectionis ont dans leur misions a quali-té pour cela.Mais le régime ultra bénéficiaire en les sécularisant jusqu’à les baisser au rang de Seigneurs laïcs, avait rendu impuis-sante et stérile leur action religieuse ple-rumque.De là nécessité des fédérations, qui demeurent utiles et sont compatibles avec l’incardination.A 1’egard des Evêques, les Collégia-les régulières sont ce que sont lez collé-giales séculières.Là se trouve par les ordres mineurs, la formation normale des c1ercs, selon l’esprit des anciens canons et du Concile de Trente.Là sont vivants et actifs, les ordres des diacres et des sous-diacres.
2º) Quant aux observances. a) La vie liturgique est le 1er des ministères.b) La pénitence traditionnelle des jeûnes et abstinence, gardée avec toute la prudence que demandent les diverses né-cessités, fait la force et la fécondité du ministère.c) Ces choses une fois réglées et gar-dées sous la double sollicitude des Evê-ques et de la fédération, se peuvent com-parer aux règles des Religieuses approu-vées et qui vivent entièrement sous la garde du régime local et de l’autorité épiscopale.10 janv.
1911, à Dom Benoît. – Trois points que je propose à vos ré-flexions.
1º) On part trop habituellement de la paroisse comme objet premier de la vie canonique, au lieu de la Collégiale dont elle doit dépendre, qui l’alimentera de son personnel et la soutiendra de sa régularité.
2°) Le lien du clerc au diocèse, lien purement disciplinaire est le lien du clerc vague ordonné sans litre ou incardination à une église. Le titre d’ordination du bé-néfice, ou la mise en possession du béné-fice, qui aujourd’hui représente générale-ment le titre d’incardination, n’exige pas préalablement la qualité de diocésain, mais il crée cette qualité, et le bénéficier devient diocésain. L’ordination importe les mêmes effets dans la Collégiale Régu-lière en incardinant le clerc à son église. Le bénéfice est alors possédé collégiale-ment par le fait de la vie commune. Voilà des notions peu connues… (Cf. De l’É-glise L. III. ch. X., § 2).
3º) L’admission dés l’enfance et l’adolescence aux ordres mineurs, puis le s.-diaconat et le diaconat, sont la véritable éducation sacerdotale et ecclésiastique. Les anciens canons, en ne permettant pas que l’on passe d’un ordre inférieur à un ordre supérieur, sans passer par ces de-grés, l’entendent ainsi: aujourd’hui l’obli-gation de recevoir les ordres inférieurs n’est plus, en pratique, qu’une observance stérile.14 mars 1911, à Dom Benoît. – Quant à l’éducation même des Clercs, elle doit commencer dès l’enfance et se pour-suivre l’exercice des Ordres mineurs puis s’achever par les Ordres sacrés. N’est-ce pas la tradition ? N’est-ce pas lé vœu du Concile de Trente ?
Aujourd’hui ces ini-tiations aux Ordres inférieurs sont abso-lument stériles et ne représentent rien de sérieusement pratique…J’ai exposé dans le livre de l’Eglise toute la doctrine au sujet des Ch. R. Cette doctrine ne m’a pas été apportée par le cher D. Raux, mais par l’étude des Pères et de l’antique tradition… Outre chose est la vocation des Ordres et des Congréga-tions des clercs vagues appliquées au ser-vice apostolique, autre chose est la voca-tion religieuse au sein du clergé hiérar-chique en chaque église auprès de l’Evê-que qui, par état est constitué dans la vo-cation à la perfection évangélique. Tels furent les chefs des Chan. R. dans les églises: S. Augustin, S. Eusèbe, S. Yves de Chartres et tant d’autres. Le régime fédératif remédiant aux dangers du ré-gime bénéficiaire avait vivement impres-sionné le grand Canoniste de Angelis lors-que je le lui exposai.31 août 1911. Dom Gréa à Dom Benoît. (Notre) Règle nous avait été in-diquée par la Cong. quoad substantiam a veteri aliquo Canonicorum Reg. Nous avions la substance de S. Victor. (Je ne vois pas à quel ancien Institut de Ch. R. peuvent se référer les Nouvelles Constitu-tions; etc.)
Pour l’organisation collégiale, on peut voir mon enseignement à cet égard au livre DE L’EGLISE dans mes diverses notices, surtout celle de 1907, dans toutes les leçons orales que j’ai don-nées à mes fils, sans une hésitation ou contradiction. Je n’ai différé un instant avec D. Raux que sur un incident prati-que. Il eut désiré que les Constitutions complétées que je présentais mentionnas-sent, au lieu de titulum mensae communis, l’incardination à l’église (ce qui est cer-tainement beaucoup mieux); mais comme à Rome le style des bureaux ne l’avait pas dans ses formules, je pensais qu’il valait mieux, en maintenant la chose par le text concernant les maisons majeures éviter une discussion où l’on ne nous aurait ni entendu ni compris.24 mars 1912, à Dom Benoît. – Lorsqu’en 1876 leur (aux Ch. Rég.) fut accordé le décret de louange il leur fut singulièrement prescrit de conformer leurs institutions quoad substantiam à quelqu’ancienne Cong. de Ch. Rég. Pour atteindre ce but, ils avaient adopté la substance des plus florissantes Cong. an-ciennes de S. Victor, d’Arrouaise, etc. Ces observances comprenaient selon ces vé-nérables traditions: premièrement, la vie liturgique dans son intégrité, c’est-à-dire, la célébration quotidienne de l’office di-vin et des saintes veilles de la nuit… Elles comprenaient en second lieu l’abstinence et les jeûnes tels que ces Instituts les avaient empruntés à la vie cénobitique, tracée par S. Benoît.
Cette discipline était, avec une rigueur moindre, celle de l’Ordre de S. Dominique qui elle-même représente l’ancienne discipline des Ch. Rég. Le gouvernement était celui de Col-légiales Régulières, maisons majeures ou abbayes pouvant détacher par petits grou-pes des sujets appliqués à des obédiences, paroisses ou aumôneries.Les Relations de ces Collégiales avec les Evêques dont elles relèvent, étaient celles des Collégiales séculières, lesquelles, pour la plupart, représentent d’anciens Collèges Réguliers sécularisés par la séparation des bénéfices. Ces Col-légiales devaient avoir entre elles, un lien de fédération pour le maintien de l’obser-vance et tenir leurs chapitres généraux, telles que furent les conférences que le Pape Benoît c XII ordonna pour tous les collèges des Ch. Rég. du monde entier.L’Institut ainsi conçu, fut approuvé par décret de 1887 dans les termes les plus élogieux, remettant à un avenir sans limitation fixe 1’approbation des Consti-tutions. Celles-ci devaient être complé-tées dans une nouvelle rédaction par huit compléments indiqués, dont, aucun ne touchait à la discipline maintenue et ob-servée dès l’origine.4 juin 1912. On semble ne voir, en premier plan et même uniquement, dans notre Institut, que le service des Curés dans leurs paroisses, tandis qu’en premier plan, il faut voir le Collège canonique, la Maison majeure, dont les Prieurés sont des rayonnements et qui en ont absolu-ment besoin comme de leur foyer et de leur centre de dépendance, d’observance, de maintien et de vie.
Comprendrait-on le système planétaire indépendant du soleil comme un accessoire secondaire et négli-geable?21 déc. 1912, (à Dom Raux). – Croyez bien que l’œuvre de la restauration canonique, c’est-à-dire, non pas un Ordre Religieux apporté à l’Eglise universelle, en dehors des hiérarchies locales, mais la sanctification de la vie liturgique et péni-tentielle, garantie par la pratique et les vœux des Conseils évangéliques, offerte et ouverte au clergé dans des Eglises sou-mises à l’Episcopat, croyez bien que cette grande oeuvre est voulue de Dieu comme elle répond aux besoins dés peuples et aux aspirations conscientes ou incons-cientes d’un grand nombre d’âmes sacer-dotales. Ce fut, c’est toujours notre voca-tion, sans en discuter la théorie…16 oct. 1913, à Mgr Langevin. – L’Institut du Janicule, ainsi que je 1’écrivis au Card. Vives, est essentielle-ment différent de l’œuvre qui fut l’objet de si providentiels encouragements. Pour la renverser on la présente comme étant mon invention personnelle, alors que je n’ai fait, conformément aux directions du Pape Pie IX, que recueillir les règles et les pratiques des anciens Chan. Rég., sans y rien introduire de ma propre initiative. Je n’ai pas prétendu rien créer et je n’ai fait qu’écouter la voix des Saints qui fu-rent nos Pères.3 nov. 1913, à Dom Benoît.
– Voici quelques aperçus; 1º) Autonomie des Col-légiales, Prieurés et obédiences très voisi-nes, à moins d’espérance fondée de futu-res collégiales; puis visites, correspon-dances, obéissance maintenue.2º) Ne pas dépasser les 12 ans dans les Prieurés, au bout de ce temps au moins un an d’interruption…3º) Il est d’importance majeure de ne point s’assimiler aux Instituts extrahiérar-chiques. Je n’ai pas sous les yeux la bulle de Benoît XII. Les Confédérations qu’il organisa par Provinces largement enten-dues ne les soumettaient nullement à un Général centralisateur. ),4º) Les Confédérations admettent des observances un peu diverses dans les collégiales et des Congrégations diverses y prenaient part. On en faisait partie avec un minimum d’observance pour l’absti-nence et le jeûne, mais on maintenait cha-cun dans sort observance propre…Le minimum de Benoît XII ne porte pas sur la vie liturgique autant que je me le rappelle, mais seulement sur l’absti-nence et les jeûnes…25 mars 1914 (fascicule 17).24 nov. à Dom Paul Benoît (L.-1914). – J’en ai écrit à D. Arsène ce que je vous transcris ici: J’ai une confiance assurée dans la volonté de Dieu qui, dans ma vocation, m’a imposé la ré-surrection de l’Institut Can. non une créa-tion d’un nouvel Ordre dans l’Eglise mais la résurrection de l’ancienne œuvre des Saints. En cela je dû répondre à une mis-sion autorisée par les signes les plus cer-taines de la volonté divine et les plus hau-tes autorités et approbation de l’épiscopat, et du S. Siège.
Cette œuvre aurait pu paraître un; œuvre humaine, mon œuvre à moi faible instrument impuissant Dieu permet qu’elle passe, comme il l’a fait pour ses autres ouvrages, par l’épreuve du grain de froment précipité de l’épi, où il semblait glorieux et élevé, dans l’abais-sement du sillon, et la mort qui lut donne une nouvelle naissance, afin que l’homme disparaisse et que Dieu soit déclaré l’uni-que auteur.J’ai donc recueilli la tradition, je n’ai donc rien inventé ni puisé dans ma pau-vreté d’homme et de pécheur. Mais, sui-vant la parole que me dit le grand Cardi-nal Caverot qui fut le père de mon âme, je n’ai pas dû faire autrement ou mieux que les Saints.La discipline de S. Augustin et de S. Benoît, recueillie par les anciens Instituts Canoniques, fut ce que je me fis un de-voir d’embrasser et de proposer, non aux appréciations diverses de chacun, mais à l’acceptation libre, simple et intégrale de ceux qui s’y croiraient appelés et s’y vou-draient engager.
Quelles que soient donc ces obser-vances dites exagérées, dont plus tard, l’infidélité humaine s’est plaint et que je désirais voir formulées, si l’on touche à, l’intégrité de la vie liturgique, aux sim-ples et traditionnelles disciplines péniten-tielles de S. Benoît, telles l’Ordre Canoni-que les a adoptées, on ne sait plus où s’ar-rêter et, l’œuvre de la sagesse humaine prendra la place de l’œuvre de Dieu, édi-fiée par les Saints.Relisez, bien cher, la conférence qui est mon testament à mes fils. Je leur di-sais que les amis, dans leurs désirs sym-pathiques doivent être écartés de nos conseils, lorsqu’ils croient nous servir par des brèches faites aux remparts des Rè-gles traditionnelles.16 oct. 1915, à Dom Raux. L’Ordre canonique sera dans sa vraie voie, lors-qu’il sera diocésain et épiscopal.7 Février 1916. Ce sont les clercs qui ont institué, comme une participation aux exemples dont ils leur montraient pratiquement la doctrine, la vie de perfec-tion des ascètes et de l’ordre monastique même. (Lettre à D. Benoît).
Voir en entier. Les observations pré-sentées par Dom Gréa au Card. Vivès, lorsque les nouvelles Constitutions lui furent communiquées, en mai 1908., et la Courte Notice remise par Dom Gréa à Pie X dans le mois de juillet 1908.La Voix du Père, nº 17 bis – 29 oc-tobre 1947, pp. 1-8